Sémiotique d’un gilet et de sa couleur jaune fluo
Art contemporain | Souvenons-nous des Gilets ready-made rectifiés, avec boutons à caractères d’imprimerie, que Marcel Duchamp offrit à sa femme Teeny (1957) pour le troisième anniversaire de leur mariage, puis à Sally (1958) la belle-fille de Teeny à l’occasion de son mariage avec Paul Matisse, puis du troisième réalisé pour Benjamin Péret (1958).
Le gilet serait-il devenu un ready-made ? Deux éléments, le vêtement et la couleur, par les valeurs, les tensions et les aimantations qu’ils portent, suffisent presque à manifester l’expression « gilet jaune ». N’y manque plus qu’un contexte général, la crise de la notion de Progrès, un lieu d’expression, le rond-point, et un détonateur. Chacun peut alors l’investir selon ses propres considérations, de l’incompréhension à l’adhésion. Comme regarder fait (l’) œuvre, nous dit Marcel Duchamp, l’interprétation de l’expression en son incarnation collective fait événement.
Gilet jaune
© DR
Le vêtement et sa couleur
Dans le périmètre d’expression de la couleur jaune il y a maintenant « gilets jaunes », du nom de ce vêtement dont se doit de disposer tout automobiliste en vue d’assurer sa sécurité en cas d’incident sur la route. Le gilet jaune n’est pas de laine, il n’a ni l’épaisseur bourgeoise ni le confort aristocratique du gilet avec boutons sur le devant, apparu au XVIIe siècle. C’est un vêtement fluorescent, qui réfléchit la lumière des phares des autres automobilistes la nuit, et qui est voyant le jour. Bien que susceptible en cas d’intempérie de vous protéger de la pluie et du vent, le gilet jaune est à proprement parler plus un ustensile qu’un vêtement, un outil plus qu’un […]
Il vous reste 75 % de l’article à lire…