Psychanalyse du jardin
Art contemporain | Dans Des espaces autres (1967), Michel Foucault écrit que « le jardin, c’est un tapis où le monde tout entier vient accomplir sa perfection symbolique, et le tapis, c’est une sorte de jardin mobile à travers l’espace. Le jardin, c’est la plus petite parcelle du monde et puis c’est la totalité du monde. Le jardin, c’est, depuis le fond de l’Antiquité, une sorte d’hétérotopie heureuse et universalisante”. Foucault explique combien les hétérotopies ou espaces autres sont des lieux à l’aspect double : ils font bien partie des structures quotidiennes où l’on vit, mais ils sont en même temps « à part » dans la mesure où ils ont pour fonction de réfléchir une société. Depuis des millénaires et dans chaque civilisation, le jardin réfléchit un état d’une société, d’une organisation humaine. Il s’agit d’un microcosme du monde vu par une culture singulière, ou pourrions-nous dire, une « contraction » du monde, sa densification.
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Miguel Chevalier, Magic Carpets, Castel del Monte, Italie, 2014
© Miguel Chevalier
Microcosme transportable
Le jardin comme le tapis oriental sont à l’origine des représentations structurées, des organisations conceptuelles du monde. Tous deux se présentent en premier lieu comme des structures où se superposent ensuite ornements et végétations. De l’un à l’autre, il y a changement d’échelle et changement de dimension. La rosace que l’on trouve au centre de nombreux tapis orientaux devient la vasque d’eau dans le jardin oriental, c’est l’ombilic autour duquel s’organisent souvent les quatre parties du monde. Le tapis est un microcosme portable auquel se réfèrent les artistes pour questionner les représentations du monde et nos rapports à celles-ci. Il est très présent dans la peinture […]
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